À chacun son métier, les travailleurs sociaux inquiets

Par Geneviève April

« Le téléphone peut sonner n’importe quand pour me dire que demain matin, je suis en Centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD). Je ne dors plus et j’ai mal au coeur. Je ne sais pas ce que je fais si on m’appelle », énonce au téléphone la travailleuse sociale de la région de Lanaudière, qui souhaite demeurer anonyme par crainte de représailles.

Au Ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS), on confirme que les travailleurs sociaux font partie des effectifs considérés pour aller prêter main forte au personnel soignant dans les centres de soins de longue durée, selon les besoins.

Au MSSS, on assure que les tâches qui seront attribuées aux employés des services psychosociaux relocalisés en CHSLD seront de même nature que leur emploi régulier.

« Les travailleurs sociaux temporairement déplacés devront offrir des services correspondants à la nature de ce qui est attendu et en conformité avec leur profession », répond par courriel Robert Maranda, responsable des relations de presse au MSSS. « Un processus d’orientation pour le personnel est prévu lors de l’ajout d’effectifs ».

Les spécialistes de la petite enfance se sentent mal préparé à soutenir les ainés.

« Je travaille dans le milieu de la petite enfance. J’ai fait mes études en psychologie. Je n’ai jamais eu de formation pour donner des soins physiques, je ne connais absolument rien à cette clientèle-là (séniors) »! s’exclame une technicienne en travail social de la région lavalloise, elle aussi inquiète de se savoir sur une liste d’appel pour soutenir dans un CHSLD de la région, une des plus touchée par la CoVid19. Celle qui demande à ne pas être identifiée pour éviter les possibles sanctions, rappelle qu’elle n’a aucune formation tant pour déplacer et soigner les personnes âgées, que pour faire l’usage adéquat des équipements de protection personnels.

« Je ne peux pas croire que je vais devoir aller là-dedans, j’ai vraiment peur. Je vais risquer ma santé et ma sécurité, et ce n’est pas sécuritaire pour les personnes âgées non plus, ajoute-t-elle. C’est un métier, préposé aux bénéficiaires, c’est pas n’importe qui, qui peut le faire ».

Nettoyer des plaies de lit, donner un bain à un adulte, savoir déplacer un patient confus, nourrir un patient sont des exemples de soins qui demandent une formation, sans parler de l’aspect psychologiquement difficile de l’emploi, a-t-elle expliqué.

« Non, psychologiquement, je ne suis pas capable de changer la couche d’un grand-papa, d’une grand-maman. Je ne suis pas capable de les voir mourir. Je ne veux pas faire ce travail. Moi, ce sont les enfants, mon travail ».

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