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La situation des soins aux aînés est « tout simplement un désastre » prévient le vice-président de l’Association des infirmières et infirmiers du Québec

Par Robert Frank

Les centres de soins longue durée du Québec non ni le personnel, ni les ressources, ni les équipements de protection personnels dont ils ont besoin pour traverser la pandémie de coronavirus en cours, affirme Alexandre Magdzinski.

« Déjà qu’il y en avait tout juste assez pour effectuer les tâches auparavant », ajoute le vice-président de l’Association des infirmières et infirmiers du Québec au cours d’un entretien téléphonique.

Une directive du gouvernement du Québec, demandant de retourne les patients âgés atteints du coronavirus dans les résidences pour aînés sous-équipées, pourrait créer un effet domino qui amplifierait le problème et surcharger le système de soins d’urgence de la province, suggère-t-il.

« Un mandat provincial force les travailleurs de la santé de première ligne à retourner les patients âgés vers leur résidence dès qu’ils sont stabilisés, explique-t-il. C’est un désastre. »

« Ce sera dévastateur sur le système de santé, prévient Magskinski. La plupart des quelques 900 lits de soins intensifs au Québec étaient déjà occupés avant la crise de la COVID19. Ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Une seule résidence pourrait faire exploser le système ».

Lors d’un point de presse le 7 avril, le Premier ministre François Legault a affirmé que le personnel de certains hôpitaux serait redéployé pour travailler directement dans les résidences de personnes âgées et CHSLD.

« Ça reste la grande priorité de notre gouvernement de protéger les personnes qui sont les plus vulnérables à ce virus, soit les personnes âgées de 70 ans et plus », a-t-il dit aux journalistes.

Le droit de savoir des familles et de ramener un être cher à la maison

Le manque de transparence pose aussi problème, ajoute Magdzinski.

« Les membres des familles sont laissés dans le noir. Le public a le droit de prendre une décision éclairée à savoir si oui ou non, ils ramènent maman, papa, les grands-parents, à la maison. Si le gouvernement dit que c’est sécuritaire, nous assumons que ça l’est, dit-il. Selon les infirmières à qui j’ai parlé, c’est loin d’être le cas ».

« Partout dans la province, surtout dans les résidences pour aînés où on voit maintenant des foyers d’éclosion, le personnel n’est pas équippé convenablement. De plus, plusieurs infirmières travaillent avec des agences et visitent plusieurs centres dans la même semaine. C’est fou, surtout que l’on a interdit aux visiteurs d’entrer pour leur protection. Ces situations ne se seraient pas produites si nous avions mis des mesures en place pour les protéger ».

Même les centres mieux équipés du Québec, désignés par le gouvernement du Québec comme centres de traitement de la COVID19, commencent à manquer d’équipement de protection personnel.

« Nous réutilisons les visières, rapporte Magdzinski. Nous sommes formés pour les jeter chaque fois que nous sortons d’une chambre. Maintenant, c’est chaque jour. Nous avons commencer à réutiliser le même masque toute la journée. Ils peuvent être stérilisés en autoclave. Cela réduit chaque fois un peu l’efficacité, mais c’est soit ça, soit manquer de masques. C’est la situation à l’Hôpital Général Juif, où je travaille, et qui est relativement bien équipé. Je connais plusieurs établissements de soins de santé qui n’ont pas assez d’équipement, principalement des centres de soins longue durée ».

Le 8 février dernier, le Premier Ministre Justin Trudeau annonçait que le Canada envoyait sa réserve stratégique de 16 tonnes d’équipement de protection personnel en Chine. Puis, le mois passé, un envoi réciproque en provenance de Chine ne s’est jamais matérialisé, les chargement ayant été détourné vers d’autres pays. Depuis, le Président Donald Trump a fait pression sur 3M, un manufacturier de masques de protection N95, pour empêcher la livraison de millions de masques prévus pour livraison au Canada, laissant le pays avec une quantité insuffisante pour répondre à la crise du coronavirus.

« Nous ne sommes pas heureux de manquer d’équipement, souligne Magdzinski. Plusieurs problématiques auraient pu être évitées si ils avaient planifié. Il ne fait aucun sens que l’on entame la deuxième semaine et que déjà, nous ayons des pénuries de matériel ».

« On n’envoie pas de soldats à la guerre sans vestes ou casques, conclut-il. L’équipement de protection personnel est essentiellement notre bouclier et notre casque afin de nous protéger, nous et nos patients ».

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